/

Jean-Humblet

  • Jean-Émile Humblet né à Liège le 7 octobre 1920 ;
  • mort à Louvain-la-Neuve, le 10 décembre 2014

Au fil de plus de deux décennies, le Prix de la francophonie en principe biennal a été décerné d'abord grâce au concours de plusieurs professeurs amies et amis québécois. Des ans, l'irréparable outrage a conduit ensuite à confier la gestion et le capital au C.I.L.F.

Nonagénaire, j'ai le devoir d'assurer une adaptation que les changements rapides du monde imposent.

C'est pourquoi, j'ai décidé de changer l'affectation du capital de 45.000 euros - que je vais arrondir à 50.000 euros - .

Désormais, il s'agira donc : - de se situer dans le cadre du développement de bonnes relations entre des personnes et des groupes du nord et du sud de la Méditerranée, - de s'impliquer dans des coopérations propres à favoriser les échanges, les formations et les informations Nord-Sud et Sud-Nord faisant chaque fois place à l'emploi exclusif - d'une part des langues française ou/et allemande, - d'autre part de l'arabe ou/et du berbère, du copte et du kurde.

La présente constitue donc une donation avec charges de mon vivant et POST MORTEM en particulier le revenu pourrait servir à la formation d'enseignants, des responsables en développement, dans les cadres régional et local. Il est aisé d'énumérer des champs d'action possibles : - rencontres de cultures, - immigration, - pédagogie et didactique pour les langues énumérées, - coopération compte tenu des évolutions économiques et sociales, - jumelages, - etc...

La C.I.L.F. connaît mieux que moi des canaux de collaboration nécessaires, voire indispensables compte tenu : - du monde de l'éducation à tous les niveaux, - des institutions politiques des plus locales au plus élevées, - de l'importance des voisinages et des actions transfrontaliers.

La protection et la survie de langues visent des hommes et des groupes à travers leur culture et leurs cultures. Il s'agit là de choix et de politiques allant de Bruxelles et Genève à Marrakech, Sétif, Tozeur Assouan et Beyrouth. Le montant limité des revenus à prévoir ne rendra pas toujours possible d'individualiser et de particulariser l'intervention financière de la Fondation Humblet constituée par la présente mais ce sera le cas avec sa mention dans la mesure, limitée hélas du possible.

IL N'EST PAS NECESSAIRE D'ESPERER POUR ENTREPRENDRE NI DE REUSSIR POUR PERSEVERER. Voilà un bon conseil d'un Huguenot des brumes du Nord. Jean-E. Humblet (mars 2013)

  • Prix Jean HUMBLET 2003, La lauréate est Madame Sara LE MENESTREL, La Voie des Cadiens.
  • Prix Jean HUMBLET 2005, La lauréate est Mademoiselle Phan Thi Hoai TRANG PHAN, L’état de la francophonie dans les trois pays Cambodge, Laos et Vietnam.
  • Prix Jean HUMBLET 2007, La lauréate est Madame Anne-Rosine DELBART, Les exilés du langage, publié dans la collection Francophonies par les éditions Pulim (Presses de l’Université de Limoges).
  • Prix Jean HUMBLET 2009, La lauréate est Madame Julie MASMEJEAN, De la manœuvre des mœurs et du silence des mots dans le lexique français. Itinéraire d’une bienséance langagière inédite : le Politiquement Correct, entre splendeur et trahison.
  • Prix Jean HUMBLET 2011, Le lauréat est M. Raïd ZARAKET-BELABED, La poétique de l’espace méditerranéen comme source d’écriture et réflexion identitaire à travers l’expression de l’algérianité dans la première moitié du XXe siècle.

JEAN-EMILE HUMBLET

Né à Liège en 1920 et mort à Louvain-La-Neuve le 10 décembre 2014, Jean-Emile Humblet n’était pas qu’un ami fidèle du Conseil international de la langue française qu’il avait contribué à doter.

Il était d’abord un chrétien généreux. La disparition prématurée de ses deux fils et celle de sa femme n’avait pas entamé sa foi. Jusqu’à son grand âge, il avait conservé l’enthousiasme, la passion et la fougue de ses jeunes années et c’est avec une énergie sans cesse renouvelée qu’il a mené les nombreux combats dans lesquels il s’est engagé.

Francophone de la première heure et aussi wallon des premiers Rassemblements, il a fortement contribué à leur création dans les années 60 et il en fut sénateur de 1978 à 1981. Puis, s’étant rapproché des socialistes, il fut encore sénateur jusqu’en 1985. Cet engagement politique ardent l’engagea dans tous les combats des francophones, en particulier ceux des Québécois qu’il avait au fond du cœur. Francophone et wallon comme je l’ai dit, ayant vu les horreurs et les dégâts des deux guerres mondiales, il avait compris et intégré l’absolue nécessité de la construction européenne et il avait salué l’instant historique du 9 mai 1950 lorsque, cinq ans après la découverte des camps de concentration, le Président du Conseil français avait tendu la main à l’Allemagne.

Ayant créé en 1987 l’Association franco-européenne de Waterloo pour que le souvenir des morts soit rééquilibré, il dénonçait avec virulence le fait que la Belgique soit encore, de nos jours, obligée de verser une rente annuelle à l’infâme Wellington. Il militait pour que ce privilège scandaleux fût purement et simplement aboli par le Parlement de Belgique. Dénonçant les empiètements constants des flamingands sur les libertés et les droits des Wallons, il reportait une grande partie de son amour national sur la France. Il avait en effet, comme officier, lors de la retraite de 1940, comme un certain nombre de ses collègues, été accueilli à Sérignan dans l’Hérault où il comptait encore de nombreux amis et où il avait acheté une maison conservée jusqu’en 2012 et où il séjournait plusieurs fois par an.

On ne peut pas dire qu’il était un amoureux de la monarchie et de la noblesse belges dont il jugeait totalement surannés les titres et les privilèges. Il ne manquait aucune philippique sur ce sujet qui le mettait hors de lui. Grand écriveur, il était sensible à la beauté de la langue et savait en jouer lors des débats des assemblées.

Je l’ai connu très tard dans sa longue vie mais j’ai eu l’impression d’adhérer beaucoup de ses engagements lors de nos conversations à bâtons rompus. Pétri de culture, il m’avait demandé, lors d’un de ses séjours à Sérignan, de venir passer une semaine chez moi en Provence. Brandissant sa canne, il n’avait pas craint d’affronter le froid de l’automne venteux du Vaucluse pour revenir, encore une fois, admirer la pureté romane de l’abbaye de Sénanque. Il faisait un froid de canard et, à la tombée de la nuit, dans le grand vaisseau où nous étions absolument seuls, nous gelions pratiquement sur place sans que son enthousiasme architectural diminuât d’une molécule. Le lendemain, il avait aussi voulu revisiter la Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon. Il faisait un mistral atroce dans les trois cloitres. Comme il n’était pas épais et que sa canne lui était alors aussi utile qu’un fétu de paille dans la bourrasque, je m’étais accroché à lui au sortir du fort Saint-André et s’en fallut de peu que nous ne fussions balayés tous les deux jusqu’au fin fond de la Camargue… Je ne devais plus le revoir, mais ses entretiens au téléphone, toujours revigorants, me donnaient l’impression qu’il avait cinquante ans de moins que moi…

Il ne lui déplairait peut-être pas que je dise en conclusion qu’il était un grand « honnête homme » et le serviteur fidèle et dévoué de nos pays et de l’Europe.

Aucun titre dans cette collection pour le moment.