Hubert Joly


Ce que les Français croient


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Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes, on a vu se repositionner nombre d’Etats qui, soit, ont refusé de prendre parti pour un des deux belligérants soit ont changé de camp, infléchissant fortement des attitudes qui s’étaient plus ou moins durablement figées dans l’affrontement des deux blocs nés de la guerre froide. Même les non-alignés de la conférence de Bandung (1955) s’étaient peu à peu rangés dans l’un des deux camps. Le 22 février 2022 a changé tout cela et commencé à redistribuer les cartes. Ce qu’on appelle le sud global fait principalement des BRICS et de leurs suiveurs s’est découvert une volonté d’autonomie, le désir de rompre la domination occidentale datée de 1945 et manifesté une sympathie ou une volonté de coopération avec ces puissances que sont la Chine, la Fédération de Russie et la Corée du Nord. Le mouvement a été particulièrement net du côté de l’Afrique noire.

Le conflit du 7 octobre 2023 surgi entre le Hamas palestinien et Israël a encore brouillé les cartes et créé de nouveaux clivages dans de nombreux pays où les populations ont manifesté avec force leurs partis pris en faveur de l’un ou l’autre camp.

Dans cette confusion mondiale, les Etats peinent à adopter des positions claires car leurs opinions publiques sont souvent en porte-à-faux avec la position officielle de leurs gouvernements. Ce n’est donc pas inutile de rappeler la doctrine de la France et d’affirmer des idées claires.

Depuis 1945, la France est un pays démocratique dont les gouvernements successifs sont attachés à une volonté d’indépendance à l’endroit de tous les blocs. Même si elle est dans le camp occidental, la France du général de Gaulle est jalouse de son indépendance, ce qui nous a conduit à nous doter de l’arme atomique afin de ne dépendre ni des Etats-Unis, ni de la Chine ni de la Russie.

Mais il y a plus. Depuis la Révolution française de 1789, la France défend les valeurs de liberté et d’égalité. Depuis 1848, elle a inscrit la fraternité dans sa devise. C’est son objectif sur lequel il lui est impossible de transiger. Depuis 1905, elle a adopté le principe de la laïcité active. Elle reconnait toutes les religions, s’interdit de porter sur elles un jugement qui relève seulement de la sphère privée et elle condamne tout empiètement d’une des religions sur une autre. La neutralité des institutions publiques s’impose à tous dans cette sphère publique. Le port de signes ostentatoires y est banni, ni kippa, ni voile, ni croix. Ils sont l’apanage de la sphère privée.

Notre tradition est aussi celle d’un universalisme dans lequel tout individu, mâle ou femelle, est égal en droits et en devoirs à tous les autres, quels que soient son ethnie, sa religion, son sexe, ses préférences sexuelles, ses sympathies politiques, même sa nationalité.

Il est parfois difficile d’appliquer et de faire respecter ces principes. Mais quelles que soient les agitations de la planète, la France fait de ces principes la colonne vertébrale de sa politique. Certes, nous ne sommes pas meilleurs que les autres mais au moins nous avons l’ambition d’affirmer et, si possible, de mettre en pratique notre ambition républicaine nationale et universelle.

 

Hubert Joly, 6 mai 2024