Hubert Joly
L'orthographe du français est complexe : on le voit dès le premier mot de ce texte. Pourquoi th et ph dans le mot orthographe ? Dans le premier cas, th, la lettre h ne se prononce pas. Elle a pour fonction de rappeler que, dans la racine grecque ortho, le t prononcé n'est pas un t (tau) mais un q (têta). Dans le second cas, le h modifie la prononciation du p qu'il suit et le modifie phonétiquement en /f/. Comme dans le premier cas cependant, ce /f/ écrit ph est là pour rappeler que la racine graphe vient du grec et que, comme dans beaucoup de mots scientifiques, on a voulu rappeler l'origine grecque de la racine en transcrivant le j (fi) grec en ph, tout en oubliant de le faire dans de nombreux autres cas où ce même (fi) a été transcrit par un banal f... Dès le début, on constate donc que le système orthographique du français n'est pas cohérent.... L'orthographe du français comporte deux parties : celle qui concerne l'orthographe dite lexicale c'est-à-dire la façon dont on écrit les mots et conjugue les verbes et l'autre qui concerne la façon dont on agence les mots à l'intérieur de la phrase pour aboutir à un sens : l'orthographe syntaxique. Dans ce petit opuscule, nous ne traiterons que de la première, l'orthographe lexicale. Ne nous désespérons cependant pas. Si le système orthographique n'est pas cohérent, il ne l'est pas autant qu'on croit et il est possible de s'y repérer à l'aide d'explications simples que nous nous proposons de donner dans les pages qui suivent. Que nos lecteurs se rassurent : nous n'emploierons jamais de termes compliqués de linguistique et nous n'utiliserons pas non plus la notation phonétique internationale, bien commode certes, mais qui n'est pas connue de nos lecteurs. Dans notre pensée, ce petit livret est destiné à l'instituteur de village qui manque de documentation savante et à l'étudiant sérieux du secondaire ou du supérieur qui veut comprendre le pourquoi des choses afin de mieux maitriser l'écriture du français.
Les difficultés de l'orthographe française sont avant tout le produit de l'histoire compliquée de la langue française qu'il nous faudra donc survoler rapidement, faute de quoi nous ne comprendrions rien à une histoire où il aura fallu
1) écrire une nouvelle langue (le français) avec un alphabet ancien légèrement adapté peu adapté (l'alphabet latin)
2) tenir compte de ce que l'orthographe des mots français s'est formée, selon les mots, à des époques différentes et selon des solutions différentes (cas du redoublement du l derrière e prononcé e ouvert, ou bien utilisation de l'accent grave sans redoublement de la consonne) qui se superposent et se concurrence dans le français d'aujourd'hui.
3) prendre en compte le souci des rédacteurs des premiers dictionnaires de la Renaissance, mais aussi de l'Académie (1636-1694) de rappeler la filiation des mots français par rapport au grec et au latin.4) incorporer dans le français des mots d'origine étrangère appartenant à des systèmes phonétiques et graphiques différents du nôtre (cake, week-end, etc.).
UN PEU D'HISTOIRE EST NECESSAIRE
La langue française, en tant que telle, n'est pas très ancienne : elle n'a même pas 1000 ans. De façon simplifiée, on peut dire que son essor est lié à la puissance croissante de la dynastie des rois de France qu'on appelle les Capétiens (987-1328), dynastie dont les origines sont situées dans cette partie de la Gaule occupée à partir du Ve siècle par les Francs Saliens, région essentiellement située au nord de Paris entre les vallées de l'Oise et de la Seine et parlant une langue qui est devenue la langue d'oil. On dispose de peu d'informations sur les langues celtes que parlaient les Gaulois. Beaucoup de noms de lieux et d'outils ou pièces de vêtements mais assez peu d'inscriptions qui soient parvenues jusqu'à nous. Au total, guère plus de 50 mots. Malheureusement, les tribus celtes n'utilisaient pas beaucoup l'écriture et ce handicap culturel a certainement joué un rôle dans l'effondrement de la civilisation gauloise pendant et après la conquête se la Gaule par Jules César de 58 à 52 av. JC. Il faut ajouter à cela qu'une partie du littoral méditerranéen fut occupée à partir de 650 av. JC par des colons grecs, notamment ceux de la ville de Phocée (en Turquie aujourd'hui). Nice, Antibes, Marseille, Agde sont des villes grecques et les tribus gauloises qui ont établi des échanges commerciaux, culturels ou autres avec les Grecs ont tout naturellement utilisé d'abord l'alphabet grec. Ce n'est qu'à partir de la conquête par Rome de la Provence et de la Narbonnaise que le latin a commencé à s'imposer avant de se répandre dans toute la Gaule après la célèbre bataille d'Alésia (en Bourgogne) en 52 av. JC. La conquête de Jules César avait été brutale et sanglante puisque certains historiens estiment à 10 millions le nombre de morts parmi les soldats gaulois tués et les victimes civiles de ce qu'on appellerait aujourd'hui pudiquement des « dommages collatéraux » sur une population totale estimée à 20 millions, soit la moitié de la population... Il y a des colonisations plus brutales que d'autres.
Néanmoins l'efficacité de l'administration romaine et la puissance de l'empire romain amenèrent la paix et un essor économique qui se traduisit rapidement par le développement des villes gallo-romaines et la pratique du latin chez tous ceux qui recevaient une éducation « moderne ». Très vite, les Gaulois comprirent l'intérêt qu'il y avait à coopérer avec Rome et lorsqu'en 71 après JC, une première grave invasion germanique menaça la Gaule, c'est sans hésitation que les tribus gauloises se rangèrent à côté de l'armée romaine pour combattre l'envahisseur. Malheureusement, au cinquième siècle après JC, l'affaiblissement de l'empire ne permit plus à la Gaule romaine de résister à la pression des peuples barbares venus de l'Europe centrale. D'abord infiltrés pacifiquement, c'est bientôt en hordes militaires qu'ils déferlèrent sur l'Europe occidentale : Huns, Goths, Ostrogots et Wisigoths, Francs, Burgondes, Alamans et même Vandales dont on sait que l'invasion ne s'acheva qu'au bout de l'Afrique du Nord. Malgré les victoires des Francs conduits par Clovis, notamment sur les Alamans, et leur domination progressive sur la Gaule, les troubles ne cessèrent pas et pendant près d'un siècle et demi, le savant édifice administratif et économique mis en place par Rome fut ruiné. Certaines villes de Gaule brulèrent deux fois pendant la période. Les Barbares, bien sur, amenaient avec eux leurs langues, purement orales. Les bouleversements furent tels que le latin régressa brutalement au point que des villes romaines comme Lutèce perdirent leur nom latin et reprirent le nom de la tribu dont elles étaient la capitale : c'est ainsi que Lutèce, capitale des Parisii reprit le nom de sa tribu et devint Paris et que Duracortorum, capitale de la tribu des Rèmes devint Reims. On imagine le tort que ces troubles causèrent au latin qui s'était étendu sur toute la Gaule. Véhiculé à l'origine par les militaires et des fonctionnaires qui venaient de tous les coins de l'empire, aussi bien d'Espagne que de Maurétanie, mais aussi bien de Syrie, de Grèce, d'Egypte ou d'Arménie, ils étaient loin de parler le latin classique de César ou de Cicéron. Sur place, ils assimilèrent plus ou moins le vocabulaire des Gaulois et, à partir des grandes invasions, les dialectes germaniques à leur tour, vinrent imposer leurs vocabulaires, leurs accents, avec des coutumes et des concepts différents. Le plus important d'entre eux pour notre étude, le francique, qui est aussi l'ancêtre du néerlandais, a cependant laissé peu de traces directes.
N'oublions pas non plus l'invasion arabe des côtes méditerranéennes de la Gaule qui, malgré la reprise de Narbonne en 751 par Pépin-le-Bref, établit l'insécurité dans la vallée du Rhône pour deux bons siècles. L'arrivée au pouvoir de Charlemagne, couronné empereur d'Occident à Rome le jour de Noël 800 par le pape, 324 ans après la déposition du dernier empereur d'Occident Romulus Augustule, rétablit un ordre qui profita à l'administration et à l'enseignement. Mais la coutume de partager également les héritages entre les enfants aboutit en 842 au traité de Verdun par lequel les trois petits-fils de Charlemagne se partagèrent l'empire du grand-père. La brouille ne tarda pas entre les héritiers et dès l'année suivante, à Strasbourg, en 843, Charles le Chauve et Louis le Germanique s'allient contre Lothaire et prêtent serment de s'entraider. Pour être compris des troupes de Louis le Germanique, Charles le Chauve prête son serment en dialecte alémanique tandis que, pour être compris des troupes de Charles le Chauve, Louis le Germanique prête sont serment en roman. Ce n'est pas encore du français mais c'est déjà assez loin du latin. On appelle cette langue le roman. (À ne pas confondre avec le style d'architecture qui apparaît dès la construction de la chapelle octogonale de Charlemagne à Aix-La-Chapelle et connaîtra à son apogée à Cluny au XIe siècle). En revanche, La Chanson de Roland, épopée écrite entre 1100 et 1125 est déjà du français, dont elle a pratiquement toutes les structures, mais cette langue encore très éloignée de la nôtre, beaucoup plus phonétique et écrite beaucoup plus simplement et moins codifiée.
ATTAQUONS NOTRE SUJET
Une partie de la complexité de l'orthographe du français résulte de cette histoire où, pendant un millénaire, les peuples et leurs langues se sont enchevêtrés dans des combats inégaux. Mais avant d'aller plus loin, il est important de comprendre que l'orthographe sert à deux opérations de l'esprit qui sont complémentaires : l'écriture et la lecture. On écrit pour pouvoir être lu.... à un autre moment que celui de l'écriture. Écrire c'est en quelque sorte transporter de la parole (et donc de la pensée) dans le futur à l'aide de signes conventionnels tracés ou gravés sur un support matériel. La première trace de cette invention semble remonter aux Egyptiens vers l'année 3150 avant JC, à moins qu'on ne retrouve un jour des documents plus anciens. L'écriture (ou encodage) consiste à traduire des sons ou des notions en signes graphiques pour les conserver au-delà du moment de leur prononciation orale. L'écriture alphabétique réussit cette opération à l'aide de lettres isolées ou combinées qui représentent des sons simples ou phonèmes propres à la langue concernée.
La lecture en revanche consiste à déchiffrer ce qui est écrit pour le restituer sous forme de sons prononcés mais aussi d'idées comprises silencieusement représentées par les groupes de lettres correspondant à ces mêmes sons. On l'appelle décodage. Chaque langue possède son code orthographique qui permet de passer, avec le maximum de sécurité et de conservation du sens de l'oral à l'écrit et, symétriquement, de l'écrit à l'oral. Dans une langue idéale qui serait purement phonétique, il existerait une correspondance absolue entre les sons et les caractères utilisés pour les transcrire. Quand chaque son est transcrit par un seul caractère et quand chaque caractère est transcrit par un seul son, le système est théoriquement parfait : on dit que la correspondance entre les sons et les signes est biunivoque. En fait aucune langue n'a jamais été purement phonétique (même pas l'égyptien des années 3150 avant JC) depuis l'invention de l'écriture et le français ne l'est pas non plus. Mais parce que le système graphique du français est complexe, il ne transcrit pas que des sons : beaucoup de mots de la langue française portent, cachée dans la forme de leur écriture, une partie de l'histoire de la langue française que l'enseignement de l'orthographe nous aide à découvrir. En particulier, l'écriture porte de nombreuses traces des origines latines et grecque du français (réelles ou supposées) mais aussi du sens quand elle permet de distinguer entre des homonymes comme les mots sot, seau, sceau et saut par exemple. On a pu dire en plaisantant, que la difficulté de l'orthographe du français était dans ce qui ne se prononce pas, c'est-à-dire dans ce que les linguistes appellent les lettres quiescentes, mais à dire vrai, elle est surtout dans la superposition et la concurrence entre plusieurs types de notation hérités de l'histoire à des périodes différentes pour traduire le même son. Semblablement, à la lecture, on observe que des mots de même forme écrite se prononcent différemment parce qu'ils n'ont pas la même nature grammaticale et ne jouent pas le même rôle dans leur environnement ou contexte.En fait, pour surmonter les difficultés de l'orthographe du français, nous disposons d'une ressource considérable qui est la mémoire visuelle : ce n'est pas en général sur les mots les plus compliqués qu'on fait le plus de fautes parce que leur complication graphique les fait reconnaître et mémoriser assez aisément. On fait beaucoup de fautes d'inattention (lettres oubliées, pluriels erronés, etc.) dont le système graphique n'est nullement responsable.
Mais il est probable qu'un élève moyen ferait peu de fautes sur une phrase du type :« J'aide mon père à retirer le fer de la terre » parce qu'il a un usage courant de ces mots et qu'il a enregistré leurs particularités graphiques. Il en est de même pour environ 5 000 mots qu'il n'utilise pas forcément souvent (vocabulaire actif) mais qu'il a souvent l'occasion d'entendre ou de voir écrits (vocabulaire passif) et qu'il comprend parfaitement. Une expérience amusante montre qu'on est capable de lire assez facilement un texte dont tous les mots sont écrits avec leurs lettres assemblées dans le désordre pourvu d'une part que les mots soient séparés et d'autre part que la première et la dernière lettre de chaque mot soient conservées intactes. Autrement dit, le contexte aide beaucoup à déchiffrer une graphie brouillée : « Sleon une édtue de l'Uvinertisé de Cmabrigde, l'odrre des ltteers dnas un mot n'a pas d'ipmrotncae, la suele coshe ipmrotnate est que la peeirère et la drenèire soeint à la bnnoe pclae. Le rsete puet êrte dnas un dsérorde ttoal et vuos puovez tujoruos lrie snas porlbème. C'est prace que le creaveau hmauin ne lit pas chuaqe ltetre elle-mmêe, mias le mot cmome un tuot. La peruve...Arlos ne veenz puls m'ememdrer avec les corerticons otrahhgropquies. » Ce texte montre bien, d'une part, la place importance que tiennent dans l'écrit les mots outils (articles, conjonctions, prépositions) qui sont courts et contribuent à le structurer et, d'autre part, le volume global du mot et la place qu'il occupe dans la phrase, ainsi que son contexte, qui le font assez facilement identifier malgré le brouillage des lettres. Cela dit, les difficultés de l'orthographe du français sont réelles. Elles ont deux causes principales qui sont toutes deux historiques :
1) un alphabet inadapté
2) l'histoire du grec du latin ou d'autre langues sont à chaque instant rappelées dans les mots écrits de la langue française.
UN ALPHABET INADAPTE
Les gaulois et futurs Français ont hérité d'un alphabet latin qui est incapable de traduire tous les sons ou phonèmes de la langue française. Du fait de l'influence des langues germaniques et de leur adaptation aux façons de parler des futurs Français, beaucoup de sons nouveaux se sont introduits dans la langue et ne peuvent être rendus par une seule lettre. En effet, nous n'avons que 26 lettres à notre disposition alors qu'il existe au moins 38 sons ou phonèmes en français. Il faut donc faire appel à de très nombreuses combinaisons de lettres pour rendre les voyelles nasales /en/, /an/, /on/, /un/, /in/, mais aussi /eu/, /oi/, /ou/, /ai/, /ei/, /au/, et encore/ch/ ou /ph/, sans parler du cas des consonnes doubles dont certaines se prononcent toutes les deux et d'autres comme une consonne unique (ville prononcé comme vile). Notons que le latin n'a qu'une seule lettre v pour correspondre à notre /v/ et à notre /ou/, alors que notre son /u/ n'existe pas en latin. En revanche, nous utilisons le w pour rendre le son /v/ comme dans wagon. Quand il se prononce /ou/, c'est uniquement dans des mots empruntés plus ou moins durablement à l'anglais comme week-end ou web.
Dans le système orthographique du français, c'est une consonne dont on aurait très bien pu faire l'économie. On pourrait en dire autant du k de képi (origine allemande) ou kiosque (origine turque) et bien qu'il vienne aussi en droite ligne du grec pour la transcription de kilo et de bien d'autres racines grecques. Cette transcription pourrait à la limite se justifier si l'on veut maintenir le son c dur devant i, kinétoscope), e (kératine) et y comme dans kyste. Mais on constate qu'une prononciation concurrente s'est établie avec c doux comme dans cinéma, céphalée pour des mots dont la racine grecque était aussi porteuse d'un kappa, kiné ou kephalos. La fonction de k prononcé dur est le plus souvent remplie en français devant a, o, u par un c comme dans cascade, colon, cure-dent, cuisine, mais aussi par qu dans qui, que, quoi, par q en finale dans l'unique mot coq et par cq dans l'adjectif féminin grecque. On trouve même pour rendre le c dur la combinaison ch pour des mots venus du grec comme chiromancie ou chiasme... Reconnaissons humblement que même pour les mots venus du grec, l'incohérence est totale.
La surabondance de moyens pour traduire le son c dur ou k n'est donc pas justifiée autrement que par l'inertie de l'usage... On comprendra un peu mieux l'orthographe du français si l'on sait que toutes les voyelles se prononcent même si elles donnent naissance à des prononciations supplémentaires lorsqu'elles sont groupées par deux. Une seule exception oignon où i ne se prononce pas. Même, le /e/ non accentué qu'on dit muet à la fin d'un mot (flamme, joie, taie, poire, mère, etc) et sourd quand il est à l'intérieur du mot (batterie) n'est pourtant pas totalement muet. Selon les régions et particulièrement dans le sud de la France, il est prononcé plus ou moins nettement selon les personnes et constitue un élément reconnaissable de l'accent du Midi. En outre, dans des mots qui sont des féminins de mots masculins se terminant par une voyelle nasale, le e du féminin provoque ce qu'on appelle la dénasalisation et sépare phonétiquement le a, le e, le i, le o, le u, et même le y, du n ou du m auxquels ils étaient liés (ex. moyen, moyenne). Dans les autres cas, il rend au féminin sa valeur phonétique à la lettre finale non prononcée au masculin (muet, muette, lapin, lapine, humain, humaine, etc).
Pour être plus complet, il faudrait aussi dire que le e se prononce parfois a comme dans femme, ou comme dans les adverbes dérivés d'adjectifs en ent du type ardemment, prudemment, alors que, au contraire, la voyelle nasale on se prononce /e/ comme dans la première syllabe de monsieur tandis que le groupe ai se prononce également /e/ dans la première syllabe de faisais, faisait, faisions, faisiez, faisaient ou de faisan... Si toutes les voyelles se prononcent (c'est leur fonction de donner une réalisation aux consonnes), il est de nombreux cas en français où des consonnes écrites ne se prononcent pas et ont donc une valeur zéro, comme on le voit dans les exemples suivants : b dans plomb,c dans accroc, respect, suspect...d dans pied, chaud, froid, grand-mère...f dans œufs, bœufs ou même clefg dans poing, coing, amygdaleh dans ahuri, bahut, chahut, tohu-bohu, huit, huissieri ne se prononce pas dans oignon... et, bien sur, se prononce différemment de sa valeur de base dans les combinaisons oi, ai, ei jk dans crack (rare)...l dans aulx (pluriel de ail) rare..., mais aussi fusil, persil, fils (contraire de père), soûlmnp dans temps, camp, champ, compter, comptable, sculpter qr dans soulier, terrier, panier...s dans sous, dessous, dessus et tous les pluriels, prononcé ou non selon les cas dans tous, os, par exemple, tous les hommes, les os du visage...t dans doigt, sot, cabinet, serpent, droit ...vwx dans chevaux, cheveux, heureux .et la fameuse série des bijoux, cailloux, choux, etc.....y dans soyez, noyerz dans savez, soyez, nez.et toutes les deuxièmes personnes du pluriel. Puisque le w ne joue pas le rôle de semiconsonne en français, le y est la seule semiconsonne. Comme semiconsonne il sert à trascrire un son /ill / comme on vient de le voir dans le tableau avec soyez et noyer, son qu'on retrouve par ailleurs autrement transcrit dans famille. Quand il est voyelle, il transcrit un son /i/ et, le plus souvent rappelle un upsilon venu du grec comme celui de j u s i V qui a donné notre physique. Il ne suffit pas qu'une même lettre puisse adopter selon les mots diverses prononciations. On constate aussi, symétriquement, que plusieurs lettres peuvent servir à représenter le même son.Si les sons /a/ et /u/ ne sont jamais transcrits autrement que par les lettres a et u, le son /o/ peut être rendu par un grand nombre de combinaisons graphiques comme /au/ et / aus/ dans gruau et dans les pluriels des mots en au, /ot/ comme dans sot, idiot, petiot, /eau/ comme dans ruisseau, chapeau, /aut/ comme dans saut, bien entendu /aux/ comme dans de nombreux pluriels du type chevaux, vitraux. En dépit de toutes ces complications, reconnaissons qu'il y a tout de même des constantes. Les lettres a et u ont toujours leur valeur /a/ et /u/ sauf quand elles sont combinées avec n ou m pour donner une voyelle nasale comme dans palan ou sombre, un, chacun, et quand elles sont suivies d'un n ou d'un m réalisé en fin de mot comme dans Gram, (rare car venant d'un nom propre étranger) summum, maximum, optimum, décorum, d'origine latine, mais aussi rhum. Il y a tant de variétés de prononciation et d'usage des différentes lettres que seule une sorte de tableau sommaire peut essayer d'en rendre compte :
PARTICULARITES DES DIFFERENTES LETTRES
a
- ne se redouble pas sauf dans des compositions préfixales du type intraalvéolaire qui ne nécessitent pas de trait d'union entre les deux a puisqu'ils se prononcent tous les deux.
- En composition avec d'autres voyelles, il produit /ai/, /au/, comme dans lait, chaud
- Suivi d'un e non accentué, il apparait dans des mots d'origine étrangère comme maelstrom, maestria, maestro, la prononciation des deux voyelles consécutives se conservant.
- Il conserve également sa prononciation lorsqu'il est suivi d'un é, comme dans aérien, ou d'un è comme dans aède, quand il est suivi d'une voyelle portant un tréma comme dans haïr, haïk, ou quand il est suivi d'un o comme dans cacao.
- En composition avec n ou m, on a vu qu'il forme la voyelle nasale /an/ ou /am/ comme dans plan, ruban, ambre, cambrer, pampre.
- Il reçoit un accent circonflexe qui lui donne la valeur de /a fermé/ dans des mots comme pâte, pâtre, marâtre.
- Avec un accent grave, il apparait dans la préposition à qui se distingue de la troisième personne du singulier du présent de l'indicatif du verbe avoir, dans l'adverbe là, la préposition voilà. Il ne reçoit jamais d'accent aigu. Et jusqu'à présent, pas de tréma, la fonction de ce dernier étant remplie par un trait d'union comme dans intra-urbain, et le verbe haïr comme le mot haïk.
- Notons que le a ne se prononce pas dans des mots comme août et saoul vieilli qu'on trouve de plus en plus écrit comme les mots de sa famille soûl, soûler, soûlard, soûlaud, soûlerie.
b
- En français, b ne se redouble pas sauf dans les mots dérivés de abbé, rabbin, sabbat (le redoublement du b est d'origine sémitique).
- Il forme un groupe consonantique avec l et r comme dans blond, brun.
- se prononce c dur (postérieur)= (/k/) devant a, o et u. Devant ces trois lettres la prononciation c doux (antérieur) = /s/ est obtenue avec une cédille comme dans ça, tronçon, glaçure.
- c doux (antérieur) devant e, i et y comme dans cerveau et cigogne ou alcyon (rare), mais aussi dans cycle.
- forme un groupe consonantique avec l et r comme dans clinique, clou, cri, crochet, cruche, écrevisse, écluse...
- ne se prononce pas en finale dans certains mots comme accroc, escroc,
- se redouble avec le son c dur dans des mots comme accord, accabler, accourir, mais avec la prononciation d'un seul c dur (postérieur),
- se redouble avec le son /x/ ou /ks/ dans des mots comme accident, accès, accent,
- suivi d'un h se prononce /ch/ comme dans chien et chat dans la plupart des cas.
- Plus rarement dans des mots venus du grec, le ch se prononce c dur (postérieur) =/k/ comme dans chiromancie, chitine, chiasme, chaos. A l'exception du dernier, ce sont souvent des mots savants.
- suivi d'un q se prononce comme c dur (postérieur) dans des mots comme grecque (rare) ou dans acquis
- ne se redouble pas en français sauf dans des compositions préfixales du type addendum, additif, addition, addiction ou les deux d se prononcent toujours, ce qui ne pose pas de problème, et dans quelques mots d'origine étrangère comme ceux formés sur Bouddha : bouddhique, bouddhisme où les deux d se prononcent comme un seul.
- non accentué ne se redouble pas en français contrairement à l'anglais où l'on trouve des mots comme week
- è n'est jamais suivi d'un e non accentué,
- è se rencontre à titre exceptionnel dans des mots dont la dernière syllabe fermée graphiquement, c'est-à-dire se terminant par la consonne s comme dans accès, succès, procès. Il s'agit là d'une exception à la règle de distribution des accents sur les mots français,
- é est souvent suivi d'un e du féminin comme dans fermée. A titre exceptionnel on trouve éé comme dans créé ou créée,
- ê apparait en syllabe ouverte dans des mots comme chêne ou dans des syllabes fermées comme forêt où il se prononce comme /è/. La plupart du temps, cet accent circonflexe rappelle un s disparu comme dans forestier.
- e suivi de i donne la combinaison /ei/, suivi de u, donne les combinaisons /eu/, soit e fermé comme dans feu et deux, soit e ouvert comme dans beurre, cœur, fleur.
- même quand il est redoublé se prononce toujours comme un f simple (effet, effeuiller, efficace, affiche, affaisser),
- ne se prononce pas dans quelques cas où il est la relique d'un v latin disparu de clavem, ovum ou boves : clef et dans les pluriels œufs et bœufs,
- supplanté par le couple /ph/ dans des mots venant du grec et dont on a voulu à tort plutôt qu'à raison rappeler l'origine. Il s'agit souvent de mots savants à l'origine mais si nos voisins d'Italie et d'Espagne ne sont nullement gênés d'écrire foto là où nous écrivons photo, les pays anglosaxons et germaniques ont, comme nous, préféré conserver le ph.
- se redouble rarement en français, sauf dans des mots comme suggestion où les deux g sont prononcés successivement, le premier dur postérieur) et le second doux (antérieur),et sauf dans des mots appartenant aux familles de agglomérer, agglutiner et aggraver où il est prononcé comme un seul g,
- se prononce g dur (postérieur) devant a, o, u comme dans gare, golfe, goitre, gustatif
- suivi d'un u, il se prononce g dur comme dans guerre ou guide
- suivi d'un e, il se prononce /j/ lorsque le groupe ge est suivi d'un a, d'un o comme dans geai, pigeon, gageure,
- suivi d'un d'un é, d'un e, d'un i ou d'un y, il est prononcé /j/ comme dans géographie, géologie, geyser, gymnastique (le dernier rare),
- n'est pas prononcé, comme nous l'avons déjà vu dans des mots comme coing, poing où il n'a qu'une valeur étymologique (cognassier, poignée),
- suivi d'un n, g se prononce tantôt /ny/ comme dans agneau, ligne, bagnard, tantôt /gn/comme dans agnostique, gnose (rare).
- non seulement ne se redouble jamais en français mais au surplus ne se prononce jamais,
- combiné avec le c il donne le son /ch/ ou le son /k/, et avec le p, le son /ph/ soit f,
- à l'initiale dans certains mots, il empêche la liaison ou l'élision avec l'article le haricot, la hache et non "l'haricot "ou "l'hache", pas plus que un (n)haricot, un(e) hache.
- à l'intérieur des mots, il sépara phonétiquement deux voyelles comme dans ahuri, bahut, chahut et joue le même rôle qu'un tréma sur la première voyelle ou qu'un trait d'union les séparant,
- l'appellation de h aspiré qu'on lui donne dans ce cas ne convient pas car il n'est en réalité ni aspiré ni expiré. On devrait parler d'un h barrière mais cette expression n'est pas employée.
- ne se redouble pas en français sauf dans des compositions préfixales comme antiinfectieux, les deux i se prononçant successivement sans risque de faute de lecture (et donc sans trait d'union).
- Il se combine avec ll pour donner une prononciation y comme dans houille, souiller.
- ne se redouble pas en français sauf très rarement dans des mots d'origine arabe comme hajj transcrit le plus souvent en fait par hadj,
- concurrencé par le groupe ge dans des mots dont le radical comporte la lettre g comme dans pigeon, cageot. Noter le cas unique du mot gageure risquant de faciliter une prononciation fautive en /eu/, alors que le mot se prononce comme s'il s'écrivait gajure. On a préféré conserver la racine de gage dans le dérivé. Toutefois, pour éviter la faute de prononciation, l'Académie a accepté en 1990 une graphie gageüre.
- ne se redouble pas en français,
- surtout présent dans des mots d'origine grecque sous les formes concurrentes ka ou ca dans kata- ou cata-, ki comme dans kilo, ké comme dans kérato- ou dans des mots d'origine étrangère comme karst, képi, koala, kapock, coke mais caoutchouc,...
- existe en combinaison avec c dans des mots d'origine anglaise comme crack,
- Il est concurrencé par le c devant les lettres a, o, u, et par le groupe qu dans des mots principalement d'origine latine mais sans correspondance rigoureuse comme qui, que , quoi, quand, mais cirque qui vient de circus,
- utilisé comme forme d'esprit d'indépendance orthographicopolitique dans un mot comme kanak à la place de la graphie conventionnelle canaque.
- suivi d'un h, il sert à transcrire la lettre arabe kha qui correspond soit au ch allemand de Buch, soit à la jota (j) espagnole, comme dans des noms rares comme cheikh que le Petit Robert orthographie cheik avec une prononciation en /ek/ ou des prénoms du type Khalid, Khadija.
- se redouble fréquemment sans cohérence pour traduire le son l dans ville, village, mille, vallée, prononcé avec un seul l, mais avec deux l successifs dans villa et vallum qui sont pourtant entrés depuis longtemps dans l'usage français,
- doublé, le l acquiert aussi la prononciation /y/ (semiconsonne) dans des mots comme fille, famille, piller, paille, houille, où il suit un i, rappelant des formes latines filia, familia ou italiennes.
- Il acquiert une prononciation spéciale derrière ai (travail, bail, etc).
- se redouble souvent dans des mots d'origine latine qui n'ont qu'un m comme femina qui a donné femme en raison de la nasalisation, car femelle n'a qu'un m ou dans des mots d'origine latine comme somme, pomme, comme.
- on le trouve aussi doublé et prononcé deux m successifs dans des mots comme sommet, summum,
- prononcé sonore comme dans dam, boum, toutim, aluminium,
- en revanche, m ne se prononce pas dans des mots comme damner, condamner
- se redouble très fréquemment derrière 13 ou 14 suffixes et ne se redouble pas derrière 13 ou 14 autres... et cela avec beaucoup d'exceptions, de sorte qu'aucune règle claire de redoublement ne peut être dégagée.
Derrière i et u, n et m ne se redoublent pas sauf dans les compositions préfixales en in ou im du type innommable ou immangeable et dans le mot tunnel.
L'exception du mot tunnel provient de son origine française tonnelle déformée par les Anglais. o
- se redouble en français dans des compositions du type coopération ou dans des mots d'origine grecque comme zoo, où ces deux o se prononcent toujours successivement et jamais /ou/ comme le font à tort les snobs de l'anglais, sauf dans le mot alcool venu de l'arabe où les deux o se prononcent comme un seul.
- se combine avec i pour donner le son /oi/ et avec u pour donner le son /ou/.
- Se prononce habituellement comme dans bœufs, œufs, mais aussi comme dans œuf et bœuf. Mais il y a une exception dans œcuménique qui se prononce /écuménique/...
- En outre, o suivi de e se prononce /oi/ comme dans poële ou moelle.
- se redouble fréquemment sans jamais être prononcé comme deux p successifs dans des mots comme opposition, opportunité, hippique, oppossum, appétit, appel.
- n'est jamais redoublé,
- associé à un c dans acquisition, grecque
- toujours associé à u dans des mots d'origine latine comme qui, que , quoi, quand mais aussi d'autres origines comme quetchua, quinoa,
- isolé, en finale, dans un seul mot coq
- non suivi d'un u dans de très rares mots d'origine persane ou arabe comme qanat, qanun
- fréquemment redoublé dans des mots comme arraisonner, arrêter, erre, Dans tous ces mots, il se prononce comme un seul r,
- se prononce comme deux r successifs dans les futurs et conditionnels de verbes du 3e groupe dont le radical se termine par un r comme courir (courra, courrait, mourra, mourrait),
- combiné avec b, f, p,v pour former un groupe consonantique br, fr , pr, vr qui, dans le découpage des syllabes graphiques, se compte que comme une seule consonne et permet donc d'accentuer avec un accent grave la syllabe précédente comportant un e : célèbre, funèbre, lèpre, lèvre.
- se prononce avec sa valeur de base s dur quand il est situé entre une voyelle et une consone ou une consonne et une voyelle comme dans absolu, astre, bestial, tsé-tsé,
- placé entre deux voyelles, il se prononce /z/ comme dans rose, asile, isocèle, usine, sauf dans les cas où il est à l'initiale d'un composé précédé d'un préfixe terminé par une voyelle comme dans antisismique, asexué, archisucré, ou quand il entre dans une composition dont le sens des composés est encore senti comme dans vraisemblable, archisec et des mots nouveaux.
- doublé, il se prononce comme un seul s dur comme dans assez, terrasse, osseux, tassé,
- n'est pas prononcé à la fin de mots dont il ferme la dernière syllabe comme es, est (du verbe être), succès, accès et bien entendu dans tous les pluriels où il demeure muet,
- se prononce en finale dans des mots latins ou étrangers comme corpus,
- se prononce doux /z/ dans les liaisons avec les articles ou pronoms au pluriel: ils arrivent, les oiseaux, ces énergumènes, nous étions, vous osez.
- dans une de prononciation emphatique relevant du discours officiel ou de l'éloquence religieuse, il lui arrive d'être prononcé comme dans la phrase de Pascal : / les espaces zinfinis/, ou en poésie pour obtenir le nombre de pieds recherchés et cela devient une licence poétique : Mes étoiles zau ciel avaient un doux froufrou.
- mais insupportable dans les médias quand elle aboutit à séparer le s de la fin du mot et à le rattacher à la voyelle initiale du mot suivant comme dans l'exemple : /les eaux---zusées/.
- souvent redoublé pose le même problème que le l dans les verbes en -eler et en eter,
- jusqu'au XVIIIe siècle (1740), le redoublement de ces deux consonnes servait à rendre la prononciation e ouvert à une époque où l'accent grave n'avait pas encore été inventé. Depuis l'invention de l'accent grave, il existe une concurrence entre les formes elle et -èle et les formes -ette et ète comme dans j'appelle et je pèle ou je jette et j'achète,
- en 1990, l'Académie a accepté la solution de l'accent grave pour beaucoup de verbes rares comme décolleter et empaqueter sans toucher à j'appelle et je jette trop fréquents,
- dans les mots grammaticaux comme quelle, cette, l'usage de la consonne double s'est maintenu.
- ne se redouble pas sauf dans des formes rares où la finale du radical en u s'agrège avec un suffixe en um comme dans continuum, ou un suffixe ure comme dans nouure.
- se combine avec le a pour donner /au/, avec e pour donner /eu/ avec le o pour donner /ou/.
- Il ne se redouble pas en français. mais il est concurrencé par le w dans la graphie de mots d'origine étrangère comme wagon.
- ne se redouble pas en français,
- se prononce comme v dans wagon,
- correspond à une prononciation /ou/ dans un certain nombre de mots d'origine wallone ou anglosaxonne précisément comme dans wallon mais aussi week-end ou web, wapiti.
- ne se redouble jamais, utilisé pour noter trois prononciations : /s/ comme dans six ou soixante, /gz/ comme dans examen, /ks/ comme dans lexique,
- est concurrencé par cc dans des mots comme accès, accident
- peut être suivi d'un c non prononcé dans des mots comme exception, excité, excipient.
- ne se redouble pas en français sauf dans quelques mots d'origine italienne comme lazzi et pizza où les deux z se prononcent /dz/
- pas prononcé du tout dans des syllabes finales fermées des terminaisons verbales de la seconde personne du pluriel comme venez, savez, soyez et dans des mots comme nez. Son rôle est alors de suppléer à l'absence d'accent aigu sur le e.
Quelques autres cas compliqués :les finales en ciel, tiel, tendanciel, mais différentiel, interstitiel, prudentiel, En première approche, l'existence d'un mot de base en c comme tendance ou différence et prudence peut faire penser à une dérivation en ciel mais l'existence d'un adjectif en ant, -ent comme différent, prudent entraine la finale en tiel, alors qu'il n'existe pas d'adjectif tendant.On voit bien que cette recherche n'est pas absolue puisqu'il n'existe qu'une base interstice... et que préférentiel ne correspond pas à un adjectif préférent...les finales en elle, èle, -ette, -èteC'est notamment le cas des verbes en eler et en eter. Les deux plus fréquents appeler et jeter se conjuguent en j'appelle et je jette avec e non accentué et redoublement de la consonne.Ce sont les plus fréquents. Cinq verbes, acheter, empaqueter, étiqueter, geler et peler et qui sont d'un usage assez fréquent, surtout le premier, se conjuguent en j'achète, j'empaquète, je gêle, je pèle, et j'étiquète. Tous les autres sont des verbes assez rares (carreler, épousseter, écerveler...) que l'Académie demande de conjuguer sur le même modèle mais que l'on rencontre essentiellement dans leur forme à l'infinitif ou au participe ce qui ne pose, en fait, pas de problème. Mais on a vu que beaucoup de mots anciens comme violette, celle, cette, quelle, nette, muette), entrés dans le Dictionnaire avant 1740 et l'introduction de l'accent grave, redoublaient aussi leur consonne l ou t. Le cas est aussi celui des finales en esse (largesse, faiblesse, pauvresse) où le s est redoublé pour être prononcé dur.
Pour le reste, il faut se résigner à les apprendre (ou à les réapprendre) cas par cas. maitriser les accentsL'utilisation des accents en français n'a rien à voir avec la prononciation supposée des mots qui est d'ailleurs très variable dans les différentes régions de la francophonie.
Pour savoir si l'on doit mettre un accent, il faut d'abord procéder à un découpage des mots en syllabes graphiques. On obtient les syllabes graphiques en plaçant une barre après chaque voyelle (cé/lé/ri/) sauf quand cette voyelle est suivie de deux consonnes ou plus : dans ce cas, la barre est placée près la première consonne (res/pec/t , des/cen/dre, mon/ter. Cas particulier : les groupes bl, br, cl, dr, cr, gl, gr, pl, pr qui sont agglutinés sont comptés pour une seule consonne. x en revanche est compté pour deux. Les syllabes graphiques ouvertes sont celles qui se terminent par une voyelle, les syllabes graphiques fermées sont celles qui se terminent par une consonne.Dans les syllabes graphiques fermées, le e prononcé e ouvert ou e moyen ne prend pas d'accent. Lorsqu'une syllabe graphique ouverte se termine par un e qui n'est ni sourd ni muet, il n'y a toujours un accent aigu : té/lévi/sion/, cé/lé/ri/té/, cé/lé/bri/té/.Lorsqu'une syllabe graphique se termine par une consonne, il n'y a pas d'accent : té/les/co/pe, lex/i/que, mes/quin/, tes/sel/le, pel/le, ex/em/ple, ex/cep/tion.Lorsqu'une syllabe graphique ouverte est suivie d'une syllabe contenant un e sourd ou muet, on écrit un accent grave (ou circonflexe dans certains mots) cè/dre, fe/nê/tre, j'a/chè/ve, a/rê/te, ar/ba/lè/te. Exception à cette dernière proposition: lorsque le /e/ commence un mot, il porte quand même un accent aigu : é/dre/don, é/cre/vis/se, é/le/va/ge. Egalement médecin.En vertu de ces principes, il vaudrait mieux écrire té/les/ki plutôt que té/lé/ski, comme téles/co/pe/ . Mais dans té/lé/ski, l'élément de composition télé est encore senti comme indépendant alors que dans télescope il a perdu son autonomie.
Les oppositions de prononciation :Il en existe plusieurs cas :
- entre brin (d'herbe) et brun (couleur)
- entre pâte (à pain) et patte (de poule)
- entre côte (à gravir) et cotte (de maille) ou cote (à inscrire)
- entre jeûne (du ramadan) et jeune (homme)
- entre de (marque du génitif) et deux (chiffre)
- entre taie (d'oreiller) et thé (boisson)
- A chaque fois la solution orthographique est différente et doit être mémorisée...
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L'ALPHABET PHONETIQUE INTERNATIONAL
Un mot encore pour ceux qui ont fait de la phonétique et connaissent l'alphabet phonétique international. On a vu que le français disposait de 26 lettres mais que la langue française possédait au moins 38 phonèmes auxquels il faut encore en ajouter 2 pour rendre d'une part le /ing/ de dancing et la jota (j) espagnole qu'on trouve aussi en allemand avec ch comme dans Bach, Buche ou avec kh en arabe comme dans khamsin, khadija. Il peut donc être utile de connaitre le tableau des correspondances entre
L'alphabet phonétique international et les graphies françaises correspondantes.
1) les voyelles
- [i] épicé, il, nous mîmes, collyre
- [e] aisé, éléphant, édredon, passer, chez, poupée
- [e] poulet, forêt, chèvre, tête, lait, espèce
- [a] assis, patte, mat
- [ ] pâte, tas, las
- [ ] porte, sonner, soleil, dot
- [o] mot, fantôme, veau, aujourd'hui, zone, croc
- [u] caillou, tour, tout
- [y] (parce que le y vient de u grec) grue, nous fûmes, légume, nu, plus, but
- [ ] il veut, feu, fumeux, nœud, bœufs, œufs
- [œ] peur, preuve, neuf, œuf (keum, meuf, keuf)
- [ ] venir, premier
- [ ] crin, train, chien, tien
- [ ] sans, vent, chant, champ, plan
- [ ] plomb, cochon, bon
- [ ] brun, lundi, importun
- le [œ] phonétique n'est pas le même que le /œ/ graphique qui n'a pas la même prononciation dans bœufs et œufs.
- le [y] phonétique correspond à la prononciation de la graphie /u/ et non pas à celle de la graphie /y/ qui est tantôt prononcée /i/ comme dans lyre tantôt /ill/ comme dans payer, noyer.
- le [u] phonétique ne se prononce pas comme le /u/ graphique mais comme le /ou/ graphique.
- [j] yeux, lieu, panier, pied
- [w] foie, oui, toi, poids, loua
- [] huile, je suis, puits
- le [j] phonétique ne se prononce pas comme le /j/ graphique/
- le [w] phonétique ne se prononce pas comme le /w/ graphique qui est un v comme wagon sauf dans la plupart des emprunts à l'anglais.
- [p] père, papillon
- [t] toi, tout, terre, patte
- [k] col, couscous, quoi, kilo
- [b] bâton, bon, abbé
- [d] dame, radis
- [g] gare, grille, gros, bague
- [f] feuille, flan, phare, photo
- [s] silence, sourd, celui, cette, ça, hameçon, passe
- [ ] chercher, schéma, mèche
- [v] vouloir, vivre, travail
- [z] zéro, rose, maison, vous avez
- [ ] jalon, j'ai, gelée, geai
- [l] lever, sol, seul
- [ ] rire, barre
- [m] maman, muet, flamme
- [n] non, nul, bonne, animal
- [ ] saigner, vigne, agneau, oignon
- [h] hache, horizon], lettre qui ne se prononce pas en français et n'est ni expiré ni inspiré, ni aspiré.
- ['] absence de liaison comme dans des héros, des haches, des haricots
Observer que le /r/ français, appelé r parisien ou r grasseyé et qui est transcrit par [ ] en alphabet phonétique n'est pas le /ra/ de l'arabe mais le /ghein/. En conclusion, les mots français sont porteurs de leur histoire qui est très variée de sorte que,,, selon les époques, des solutions différentes ont été adoptées pour leur graphie. Très peu de règles peuvent être mémorisées. Il ne faut toutefois pas se désespérer car la puissance de la mémoire visuelle permet de mémoriser avec succès beaucoup de particularités : la lecture fréquente est donc le moyen le plus sur d'enregistrer l'orthographe lexicale : on fait plus souvent des fautes dues à l'inattention que de fautes sur les mots à graphie complexe. Donc bon courage.