Hubert Joly


LE TOUR DU MONDE DANS SON JARDIN

Un livre de Michel Damblant


ISBN : 978-2-915002-57-7
288 pages
39.00 €

Michel Damblant, Jean-Yves Guillaume (photographie),
Le tour du monde dans son jardin, Plantes voyageuses et explorateurs
Editions Georama, 2014, 288 p.; 32 x 23 cm, relié cartonné avec jaquette,
ISBN : 978-2-915002-57-7 - Prix : 39 euros à commander chez l'éditeur :
http://www.georama.fr/f/index.php?sp=liv&livre_id=79

Les éditions Géorama nous avaient déjà offert, sous la plume de Michel DAMBLANT, un ouvrage nommé Jardins du Sahara dont j’avais dit tout le bien possible et qui était la narration et la synthèse d’une merveilleuse aventure sociologique, culturelle et agriculturale dans les parages du Mali.

Cette fois, c’est une ambition plus large encore à laquelle l’auteur nous convie avec, en prime et ce n’est pas rien, une richissime iconographie due aux photos de Jean-Yves Guillaume.

Comme le fait observer M. Damblant, un jardin, c’est à la fois un espace qui est la plus petite partie du monde mais aussi sa totalité. Un jardin, c’est encore un temps, un temps doublement éphémère et contradictoire puisqu’il embrasse à la fois les promesses incertaines des fleurs et des fruits à venir et la beauté trop fugitive d’un univers qui ne cesse d’échapper à son créateur comme à la nature elle-même.

Cela, c’est pour la philosophie. 

L’ouvrage s’ouvre sur une conversation saisie par le photographe au milieu de l’éclatante floraison du jardin de l’auteur, qu’on devine à sa moustache.

Il nous invite à un double parcours : dans le temps, puisque si plus de la moitié des plantes d’ornements nous vient des autres continents, c’est parce que la glaciation du Pléistocène a détruit une très grande part de la végétation européenne, dans l’espace, puisque le corollaire est l’apport des botanistes qui ont collecté les plantes les plus extraordinaires sur tous les recoins de la planète.

Avec pour guide, l’ordre alphabétique, nous cheminerons donc de plante en plante, de fleur en fleur, comme le feraient des abeilles, de l’abélia à la véronique.

Saviez-vous que l’agapanthe est étymologiquement un « amour de fleur » ou une « fleur d’amour » ? Que les jardiniers de Banks envoyés en Afrique du Sud, « paradis des botanistes » ont eu plus de retours sur investissement que les mineurs d’argent de Potosi ? Que l’alstrœmère est appelé « lys des Incas » ? Que c’est le bien nommé Amédée Frézier qui rapportera et fera connaitre le… fraisier du Chili ? Que le bégonia a été dédié par le botaniste Charles Plumier à Michel Bégon intendant de Saint-Domingue et gouverneur du Canada ? Que le bougainvillier si généreusement présent dans tous les jardins non gélifs du monde a été découvert en 1767 par le botaniste Commerson ? Que le thé est un camélia ? Que le « hanani » est le déjeuner sur l’herbe rituel des Japonais sous les cerisiers en fleurs ? Que les fleurs chiffonnées du ciste méditerranéen forment de somptueux buissons ? Qu’il faut avoir un « Cornus florida » dans son jardin ? Que l’iris des jardins est un turc ?

Suit une explosion florale au sein de laquelle trône le Sabot de Vénus. Je pourrais continuer avec les magnolias, mimosas et nénufar (oui, il faudra s’y faire !) avec ses cousins lotus jaunes, blancs ou bleus, l’oranger du Mexique si délicieusement parfumé, les orchidées dont on ne cesse de multiplier les variétés les plus folles, les protéas monstrueuses, les roses qui mériteraient à elles seules je ne sais combien de livres, le tulipier de Virginie dont le superbe exemplaire du parc de la Bucherie n’a jamais suscité le moindre intérêt de la part des gens du parc naturel régional du Vexin.

On se plait à trouver de nombreuses indications bibliographiques, des listes de parcs et de jardins à visiter, des conseils de paysagiste et, bien entendu, beaucoup de notations historiques passionnantes.

Parmi les grands botanistes voyageurs, on voit que les Français n’ont pas démérité et que leur contingent est à peu près aussi impressionnant que celui des Anglais. Les ecclésiastiques, du fait de leur profession itinérante, y tiennent une place des plus honorables, comme le père David, « inventeur » de l’arbre à mouchoirs.

Hommage à l’histoire, à la géographie, à la biodiversité, à la beauté des images, le livre de Michel Damblant nous ouvre, au sens propre et au sens figuré, tous les horizons, aussi bien ceux de la science que ceux du rêve. Mais on reste un peu sur sa faim quand on imagine qu’on pourrait passer avec lui de longs moments, dans son jardin fleuri de Belle-Ile-en-Mer, à écouter toutes les anecdotes qu’il n’a pas encore contées et qu’on brule d’entendre de sa bouche ou de sa plume.

Hubert JOLY

Jour de Pâques fleuries, 21 mars 2016, anniversaire mythique du 12 avril 1778 et de la dixième Rêverie du promeneur solitaire.